vendredi 30 mars 2007

Rions un peu avec le cahier de suggestions

Panorama des demandes les plus surréalistes de ces dernières semaines :

- "J'aime pas les rhododendrons" de Sim
- Le catalogue des 3 Suisses
- Une méthode de air guitar
- "Le meilleur cd de l'année" (alors qu'on l'a déjà, je l'ai déjà dit c'est celui de Camera Obscura)
- [écriture enfantine] Le disque de Ségolène Royal
- L'album des Plastiscines (muahahaha)

mardi 20 mars 2007

A.R.C.A.D.E...F.I.R.E !

Olympia. 19 mars 2007.

Je les tenais déjà en haute estime après deux albums impressionnants, j'espérais logiquement un bon concert. Mais jamais je n'aurais pu imaginer ce qui nous attendait... Prenez le plus grand choc musical et visuel de votre vie, multipliez le par dix et vous y serez presque.

Déflagration immédiate. Un ! Deux ! Trois ! Dites : MIROIR NOIR !

L'exubérance en moteur, la noirceur pour refuge. De la tension, oh, tout au long. Son, chansons, interprétation : perfection.

Black Waves / Black Vibrations. Lumière bleue figée, écharpe rouge. La glace et le feu dans une atmosphère de fin du monde. Choeurs, coeurs, tous dans une bulle de bonheur. Et nous chantions, nous scandions ces paroles oniriques. On referait le monde dans une ville ensevelie sous la neige, on creuserait un tunnel d'une fenêtre à l'autre. Et on se retrouverait au milieu.


Thank you. From the bottom of my heart.


jeudi 15 mars 2007

Les disquaires vus par Le Monde

Dans un éditorial récent, Le Monde s'est - enfin - penché sur la situation dramatique des disquaires indépendants. Si l'initiative est louable, les raccourcis qu'elle emprunte ne rendent guère compte de la situation.

"Le disque se passe donc de disquaires indépendants. Ces derniers étaient 550 en 2004. Ils ne sont plus que 200 à peine aujourd'hui. Combien seront-ils demain ? Cette lente agonie est le résultat de la sévère crise que connaît le marché du CD, avec des ventes en recul de 40 % en quatre ans."

Ainsi donc, la disparition progressive des disquaires indépendants résulterait directement de la fameuse crise du disque (qui a décidement bon dos), ce qui laisse supposer que ce triste phénomène ne remonte guère qu'à quatre ou cinq années. Faux sur toute la ligne car si les disquaires se comptaient au nombre de 550 en 2004, ils étaient 2.000 en 1979. Et les causes réelles de ce désastre sont à chercher ailleurs.



Les majors

Leurs responsabilités sont multiples. En dégradant la perception de la musique ("artistes" auto-proclamés, stars jetables, opérations médiatiques sans lendemain) et du disque (prix trop longtemps excessif) dans l'esprit du public, les majors ont elles-même posé les bases de cette fameuse "crise". Mieux, elles ont ouvertement affiché leur mépris des disquaires indépendants pour leurs capacités de vente jugées indignes de servir leur politique de profit ; en augmentant en permanence les budgets de promotion et de marketing, elles ont considérablement augmenté le seuil moyen de rentabilité de leurs productions. On note qu'un album qui atteignait auparavant son point d'équilibre à 50.000 exemplaires doit désormais se vendre à 100.000 exemplaires, soit le double, pour ne pas générer de pertes.


Les politiques

Si prompts à préserver le réseau des librairies grâce, notamment, à la loi Lang sur le prix unique des livres, les dirigeants politiques se sont dans le même temps totalement lavés les mains de la disparition progressive des disquaires, qui n'ont jamais bénéficié de mesures d'aides et de protection équivalentes. Lors de son discours d'ouverture des états généraux du disque, le 29 juin 1999, Catherine Trautman avait émis la nécessité de mesures quant à la protection des disquaires indépendants : réflexion sur la possibilité d'un prix unique du disque, d'un coefficient de marges minimales, du développement de mécanismes de soutien et, surtout, d'une meilleure application du droit à la concurrence. Une annonce sans lendemains. Sur une référence équivalente, une Fnac pourra bénéficier d'une remise de l'éditeur à laquelle le disquaire indépendant, considéré comme négligeable, ne pourra prétendre. Résultat : la Fnac pourra vendre le disque concerné à un prix inférieur, tout en réalisant une meilleure marge bénéficiaire.

Ce n'est pas non plus du côté des collectivités locales que viendra la solution. Grisées par la perspective de taxes professionnelles conséquentes, celles-ci auraient plutôt tendance à apprécier, voire à encourager la mainmise des grandes surfaces alimentaires et spécialisées sur le marché du disque. Montauban illustre parfaitement cette tendance, rare exemple de ville de taille moyenne à disposer encore de disquaires et de libraires indépendants et dont la mairie avait fourni sur un plateau à Leclerc des bâtiments historiques du centre-ville destinés à accueillir le futur "espace culturel" du groupe... nonobstant le fait qu'un magasin identique existait déjà dans la zone commerciale de la ville. Par chance, une très forte mobilisation locale avait contraint Leclerc à renoncer à ce projet "culturicide" :

"La disproportion de concurrence condamnera à court ou moyen terme la plupart des nombreux commerces spécialisés. L'assortiment et les services mis à la place seront de qualité très inférieure et les créations d'emploi - pour la plupart sans qualification - ne compenseront pas, et de loin, la disparition des professionnels"

N'en déplaise à l'éditorialiste du Monde, Leclerc justement ne représente guère une alternative de qualité tant ses "disquaires" semblent dépourvus de culture musicale. Etant entrés dans deux "espaces culturels" différents j'ai pu, après une vingtaine de minutes de patience, obtenir des réponses surréalistes des spécialistes locaux :

"Je cherche les disque de Sly & The Family Stone.- Euuh, c'est une nouveauté ?"
" Où sont les albums des Jam ?- Ah, ça n'existe pas."

Dormez en paix braves gens, la culture est entre de bonnes mains.

Je ne m'étendrai guère sur le cas des hypermarchés (application de la stratégie des 80-20 à son apogée, absence totale de vendeurs) et sur celui des grandes surfaces spécialisées type Fnac qui réduisent drastiquement leur offre musicale ; qui leur en voudrait ? Ils ne sont pas ici pour vendre des disques mais pour vendre tout court. Là où un bon disquaire indépendant peut trouver et commander des disques rarissimes (mes deux coffrets Rubble en savent quelque chose) et permettre la découverte qui éclaire une journée.

Des solutions ?

Depuis plusieurs années, des solutions à moyen et long terme ont été avancées afin de préserver l'existence des disquaires et des labels indépendants. En sus d'un dispositif d'aide efficace, une réflexion profonde se révèle nécessaire quant à la concurrence déloyale engendrée par les systèmes de remises, les pratiques de référencement et les importantes pressions commerciales exercées par les entités les plus importantes. Des actions doivent également être envisagées pour favoriser la pérennité et le développement de la création et de la production indépendante, à même de garantir une diversité culturelle nécessaire. Afin de permettre à ces acteurs de toucher un auditoire suffisant, de réelles formations musicales devraient être dispensées, notamment dans le cadre de l'éducation (écoles, collèges, lycées) afin d'entraîner au sein du grand public une exigence et un esprit critique qui lui permettront de quitter les sentiers balisés sur lesquels majors, médias et hypermarchés le maintiennent. Cependant l'application de telles théories dépend de la volonté des pouvoirs publics, qui semblent malheureusement se satisfaire de la situation actuelle.

"Ce qui nous manquera, si la totalité de notre culture est vendue dans la succursale d'une chaîne d'un seul et unique centre commercial du nom de Borderstones, ce sont les trucs que seule l'effervescence d'enthousiasmes individuels peut faire remonter à la surface [...]. Je voudrais continuer à faire des découvertes ; ce qui n'arrivera jamais en nul lieu soumis aux fluctuations de la Bourse" (Nick Hornby, 31 songs)

lundi 5 mars 2007

High Fidelity syndrome

Je n'ai jamais trouvé meilleur façon de dépenser mon argent qu'en achetant des disques ; couplé à un manque de temps chronique, mes manies de collectionneurs font que bon nombre des albums que j'ai acquis ces derniers mois n'ont pratiquement pas été écoutés (pas grave, je rattraperai tout le retard pendant ma retraite). Autant dire que quand il s'agit de dépenser l'argent des autres, en l'occurence mon budget d'acquisition, la frénésie d'achat me reprend vite. Comme ce matin où, listes et calculette en main, je déambulais d'un bac à l'autre en emplissant mon panier de nouveautés et de merveilles passées. Arrêt à l'accueil pour la facture, retour en bus avec un sac plein à craquer, et me voilà devant une pile de nouveaux disques bientôt prêts à rejoindre leurs camarades au sein de la médiathèque. Tout en écoutant le nouveau Arcade Fire ("Black Mirror", bon sang quelle merveille), je vérifie mon budget et me promet mentalement d'être plus raisonnable la prochaine fois... en sachant qu'il n'en sera probablement rien. Même avec des possibilités d'achat quasi-illimitées, je râlerais encore de ne pas avoir les moyens nécessaires à ma boulimie musicale et à mon objectif final : un fonds discographique de rêve, un point c'est tout. Rien de plus pénible qu'un passionné.